Le monde a besoin de la science, la science a besoin des femmes
Aujourd’hui en France, les femmes sont encore trop peu présentes dans la recherche scientifique : elles ne représentent que 28 %
[1] des chercheurs, contre 33,3 % au niveau mondial. En outre, elles rencontrent des difficultés à poursuivre leur carrière scientifique et accéder à la reconnaissance qu’elles méritent. En Europe par exemple, seulement 14 %
[2] des hautes fonctions académiques sont occupées par des femmes, et moins de 4 % des prix Nobel scientifiques ont été décernés à des femmes dans le monde.
«
Nous ne pouvons pas avancer si la moitié de l’humanité est laissée pour compte. Sans les femmes, aucun progrès n’est possible. Nous devons les encourager, les rendre visibles, leur donner les moyens de lutter contre les obstacles existants et leur permettre d’inspirer les générations futures ». C’est ce qu’a rappelé Alexandra Palt, Directrice Générale de la Fondation L’Oréal, lors du Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation au siège des Nations unies en septembre dernier.
Si la science ne peut tout résoudre à elle seule et réparer « par magie » des décennies de dégâts écologiques, elle représente un espoir pour l’humanité. Les avancées et les découvertes scientifiques contribuent à nous rendre plus résilients, plus adaptés et plus créatifs. Pour y parvenir, la science a besoin de toutes les contributions. La mobilisation de l’ensemble des talents scientifiques n’a jamais été aussi vitale. Exclure ou minimiser le rôle des femmes en sciences grève d’emblée notre capacité à remporter la bataille.
Des chercheuses brillantes et angagées
Pour la
16ème édition du Prix Jeunes Talents France, la Fondation L’Oréal et ses partenaires réaffirment leur engagement aux côtés des femmes scientifiques, afin de les accompagner, les rendre visibles, et soutenir leurs recherches.
Cette année,
23 doctorantes et 12 post-doctorantes ont été sélectionnées en France parmi 660 candidatures éligibles par un jury d’excellence composé de 28 chercheurs de l’Académie des sciences. Un jury présidé par le Professeur Patrick Flandrin, Président de l’Académie des sciences en France, pour qui «
les 35 Jeunes Talents 2022 prouvent une fois de plus, et de la manière la plus concrète, que l’excellence n’a pas de genre. Les talents que manifestent ces jeunes chercheuses en début de carrière et la diversité de leurs trajectoires sont un encouragement formidable à suivre leur exemple ». Pour cette édition 2022, elles sont toujours plus nombreuses à
consacrer leurs recherches à des thématiques environnementales.
Ces scientifiques prometteuses vont se voir attribuer une dotation de 15 000 € pour les doctorantes, et de 20 000 € pour les post-doctorantes, qui les aidera à poursuivre leurs travaux de recherche. Elles vont également bénéficier de formations en leadership (développement personnel, négociation, communication et prise de parole en public, etc.), visant à leur donner des moyens supplémentaires pour affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser leurs recherches scientifiques.
Provenant de France métropolitaine et des régions d’Outre-mer, et issues de domaines de recherche très divers, ces chercheuses souhaitent partager et transmettre leur passion pour la science, afin d’inspirer les scientifiques de demain. Pour Victoire Cachoux, doctorante en informatique et sciences de l’information à l’Institut Curie, «
une représentation des femmes plus juste dans le monde scientifique permet de faire une science plus juste ». Elsa Ducrot, post- doctorante en astronomie et astrophysique au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA, Paris-Saclay) a également rappelé que «
la capacité d’innovation d’une équipe s’accroît avec sa diversité et son inclusivité ».
Initiés en France en 2007, les programmes nationaux et régionaux
Jeunes Talents Pour les Femmes et la Science de
la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’UNESCO, permettent de remettre chaque année près de 250 dotations dans plus de 110 pays. Ces prix apportent aux Jeunes Talents un soutien spécifique à un moment charnière de leur carrière scientifique.
Inspirer les plus jeunes
En 2021, à la suite de la réforme du baccalauréat, toutes les spécialités scientifiques ont baissé de plus de 30 % dans les choix des lycéennes, hormis l’informatique (NSI). Depuis, 1 lycéenne sur 2 en Première générale abandonne les mathématiques à la fin de la Seconde générale3. Face à ce déséquilibre, la Fondation L’Oréal multiplie les initiatives pour encourager les plus jeunes filles à croire en leur potentiel et se tourner vers des carrières scientifiques.
Pour la première fois, une rencontre entre lycéennes et lycéens et les 35 Jeunes Talents France 2022 sera organisée
au Centre national des arts et métiers, le mercredi 12 octobre 2022. L’objectif est de mettre en lumière des carrières et des parcours scientifiques féminins, tout en faisant découvrir la diversité des filières scientifiques.
Le palmarès du Prix Jeunes Talents France 2022 Pour les Femmes et la Science
Groupe 1. Physique, astronomie et biochimie
Marie Cherasse - «
Comprendre les dynamiques ultrarapides dans les nouvelles générations de panneaux photovoltaïques ».
Alexandra Colin - «
Décrypter le mystère de la dynamique des architectures intracellulaires ».
Elsa Ducrot - «
Dévoiler la nature des planètes terrestres avec le télescope spatial James Webb ».
Anne Nguyen - «
Métasurfaces incandescentes pour mieux voir détecter et communiquer dans l’infrarouge ».
Lucienne Nouchikian - «
Nouvelles approches spectrométrie de masse structurale pour l'analyse de complexes protéiques impliquées dans la virulence bactérienne ».
Groupe 2. Biologie cellulaire
Loélia Babin - «
ARN circulaires de fusion spécifiques de la translocation NPM-ALK comme biomarqueurs prédictifs de la résistance aux traitements des lymphomes T ».
Meryem Baghdadi - «
Rôle des canaux ioniques PIEZO dans la régulation de la niche des cellules souches intestinale ».
Rana El Masri - «
De la biologie fondamentale à l'innovation thérapeutique ».
Delphine Leclerc - «
L'édition du génome permet de traiter la gangliosidose à GM1 : une preuve de concept innovante ».
Salomé Nashed - «
Étude fonctionnelle et évolutive du résidu situé en position 2 des protéines : d’une analyse globale à la découverte d’un signal critique de la séquence d’adressage mitochondrial ».
Emma Risson - «
Contrôle de la dormance des cellules de cancer du sein disséminées dans la moelle osseuse par TGFB2 et BMP4 ».
Groupe 3. Neurosciences, épidémiologie et maladies infectieuses
Christine Barul - «
Expositions professionnelles et cancer : du rôle individuel des expositions vers l'effet cocktail et l'exposome professionnel ».
Rachel Breton - «
Rôle des astrocytes dans les périodes critiques développementales ».
Élodie Calvez - «
Étudier l’influence du microbiote et des qualités nutritionnelles des gîtes larvaires sur le microbiote du moustique Aedes aegypti et la transmission des arbovirus ».
Mathilde His - «
Comprendre les causes du cancer du sein en étudiant le métabolome ».
Adeline Lacroix - «
Processus prédictifs et perception visuelle des stimuli sociaux chez les hommes et femmes autistes ».
Viviana Scoca - «
Élucider le remodelage du noyau cellulaire par le VIH pour découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques ».
Groupe 4. Sciences de l’environnement
Opale Coutant - «
Impacts humains et réponses anthropiques au déclin de biodiversité des vertébrés des cours d'eau de Guyane ».
Carolane Giraud - «
Méta-analyses des communautés microbiennes des eaux du lagon aux élevages larvaires de crevettes en lien avec les facteurs environnementaux ».
Alice Malivert - «
Mechano-eco-sensing : les plantes sentent l’eau par la mécanique ».
Louise O’Connor - «
Comment protéger la biodiversité en tant que système interconnecté dans un contexte de changements environnementaux ? ».
Chloé Pozas-Schacre - «
Effets des macro-algues sur la médiation chimique et microbienne du recrutement corallien et le microbiome du corail ».
Aurore Receveur - «
Les traits de vie des poissons démersaux : utiliser la diversité fonctionnelle comme base de gestion durable de la pêche dans un contexte de changement climatique ».
Groupe 5. Ingénierie et biotechnologies
Francesca Casagli - «
Planète APOLLO : Hybridation de l’apprentissage profond et de modèles mécanistes pour minimiser l’impact environnemental du traitement des eaux usées par des consortia algues-bactéries »
Elena Gofas-Salas - «
Détection et identification de biomarqueurs cellulaires rétiniens pour l'étude du rôle de l'inflammation dans les troubles neurodégénératifs ».
Irène Nagle - «
Cellules musculaires magnétiques pour le développement d’un outil d’ingénierie à l’échelle du tissu : l'étireur magnétique ».
Noemi Renaudin - «
Neuroimagerie fonctionnelle par ultrasons ».
Lucie Ries - «
Transfert de membranes 2D nanoporeuses au service de la société ».
Groupe 6. Mathématiques appliquées et bio-informatique
Mégane Bournissou - «
Étude de la contrôlabilité de l’équation de Schrödinger au moyen d’un développement de la solution autour d’un état d’équilibre ».
Victoire Cachoux - «
Géométrie et mort cellulaire dans les tissus épithéliaux ».
Alice Contat - «
Modèles de parking sur des graphes aléatoires ».
Angèle Niclas - «
Détecter avec une grande précision les défauts des guides d'ondes grâce aux fréquences localement résonnantes ».
Tina Nikoukhah - «
Détection automatique et en ligne de la falsification d'images ».
Flore Sentenac - «
Matching séquentiel dans les graphes aléatoires ».
Lucile Vigué - «
Utiliser la théorie de l'évolution pour prédire l'effet des mutations ».
À propos de la Fondation L’Oréal
La Fondation L’Oréal s’engage aux côtés des femmes pour leur permettre d’exprimer leur potentiel, reprendre la main sur leur destin et avoir un impact positif sur la société, à travers trois domaines d’intervention : la recherche scientifique, la beauté inclusive, et le changement climatique.
Depuis 1998, le programme L’Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science a pour vocation d’accélérer les carrières des femmes scientifiques et de lutter contre les obstacles qu’elles rencontrent, pour qu’elles puissent contribuer à la résolution des grands défis de notre temps. En 23 ans, le programme a soutenu plus de 3 900 chercheuses originaires de plus de 110 pays. Il valorise l’excellence scientifique et cherche à inspirer les jeunes femmes pour les encourager à s’engager dans des cursus scientifiques.
Convaincue que la beauté contribue au processus de reconstruction de soi, la Fondation L’Oréal accompagne des femmes fragilisées à améliorer leur estime d’elles-mêmes en leur donnant accès à des soins de beauté et de bien-être gratuits. Elle favorise également l’accès à l’emploi de femmes vulnérables à travers des formations d’excellence aux métiers de la beauté. En moyenne, environ 16 000 personnes par an bénéficient de ces soins beauté et de bien-être, et plus de 18 000 personnes ont pu participer à des formations dédiées, depuis le début du programme.
Les femmes, enfin, sont victimes d’inégalités et de discriminations de genre persistantes, accélérées par le changement climatique. Alors même qu’elles sont les premières affectées par les conséquences du réchauffement, elles sont sous-représentées dans les instances de décisions. Le programme Femmes et Climat de la Fondation L’Oréal soutient notamment les femmes porteuses de projets répondant à l’urgence climatique, et sensibilise à l’importance de solutions qui prennent en compte l’intersectionnalité des problématiques de genre et de climat.
À propos de la Commission nationale française pour l’UNESCO
Créée en application de l’article 7 de l’Acte constitutif de l’UNESCO qui prévoit l’établissement de commissions nationales dans chacun des États membres, la Commission nationale française pour l’UNESCO a été la première à être mise en place en aout 1946, la France étant le pays hôte du siège de l’UNESCO. Interface entre la France et l’UNESCO, la Commission nationale pour l’UNESCO (CNFU) a pour mission de promouvoir le rôle de l’UNESCO et de ses valeurs auprès de la société française tout en contribuant au renforcement de l’influence française, intellectuelle et programmatique, à l’UNESCO dans le domaine de L’Education, des Sciences, de la Culture et de la Communication. Elle permet notamment de constituer un réservoir d’experts de haut niveau parmi la communauté scientifique et intellectuelle française afin de mobiliser les capacités d’expertise nationale au profit de l’action de l’UNESCO. Elle sert de force d’évaluation et de proposition destinée à nourrir et renouveler les programmes de l’UNESCO et de veiller à leur mise en œuvre. Elle contribue également activement à mettre en œuvre des coopérations internationales dans les domaines de compétences de l’UNESCO, notamment à travers ses différents réseaux comme les Ecoles associées, les Chaires et Centres UNESCO, les clubs UNESCO, les Réserves de la biosphère et les Géoparcs ainsi qu’avec les autres commissions nationales et d’autres organisations internationales.
À propos de l’Académie des sciences
Créée par Colbert en 1666, l’Académie des sciences est une assemblée de scientifiques, choisis parmi les plus éminents spécialistes français et étrangers. Elle conduit des réflexions relatives aux enjeux politiques, éthiques et sociétaux que posent les grandes questions scientifiques, actuelles et futures. Elle réfléchit, anticipe, explique et se prononce, notamment à travers des avis et des recommandations, marquant quand cela est nécessaire des prises de position. Ses travaux visent à fournir un cadre d’expertise, de conseil et d’alerte, sur lequel peuvent s’appuyer les politiques publiques, et plus largement à éclairer les débats et les choix de notre société. L’Académie des sciences soutient en outre la recherche, s’engage pour la qualité de l’enseignement des sciences et encourage la vie scientifique sur le plan international
L’Académie des sciences est partenaire de la Fondation L’Oréal dans le cadre du programme Jeunes Talents France qui récompense chaque année des femmes scientifiques talentueuses aux niveaux doctorat et post-doctorat.
[1] Rapport de l’UNESCO sur la science : une course contre la montre pour un meilleur développement, 2021
[2] Commission nationale française pour l’UNESCO, 2021