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Les plus vieux réseaux d’irrigation découverts dans le Caucase
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Une étude géomorphologique à laquelle ont participé plusieurs chercheurs du LSCE révèle les vestiges les plus anciens témoignant d'une gestion de l'eau, dès 5.900 avant J.-C., sur le site néolithique de Gadachrili Gora (Géorgie). Une crue de la rivière a emprunté ces canaux, inondant le village et entraînant l'abandon de ces infrastructures hydrauliques.
Publié le 20 septembre 2018
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Alors que les chercheurs situaient l'origine de la gestion de l'eau par l'Homme dans les sociétés néolithiques du Proche-Orient en 5.500 avant J.-C., une équipe franco-géorgienne annonce la découverte de canaux construits quelques siècles auparavant sur un site archéologique néolithique du Caucase méridional.
Les chercheurs ont combiné archéologie, études stratigraphiques d'anciennes berges, analyses de restes végétaux, datations de morceaux de charbon par carbone 14, mesures de carbone 12 et 13 sur des graines, afin de reconstituer l'histoire du paysage et de ses habitants, et en particulier celle du lit de la rivière Shulaveri, un affluent de la Kura, connue pour ses crues dévastatrices. Environ six millénaires avant notre ère, des hommes de la culture néolithique dite de Shulaveri-Shomu ont construit des canaux pour dévier le cours de la rivière alors que le climat devenait plus humide et plus favorable à la culture. Or une crue exceptionnelle a emprunté ces canaux et a détruit le village établi à proximité. L'analyse des graines n'a pas permis de prouver que les canaux ont servi à l'irrigation. À la suite de cet événement, la rivière Shulaveri a vu son lit complètement bouleversé : l'abandon probable des infrastructures hydrauliques, l'érosion, la tectonique et l'évolution du climat ont accompli leur œuvre.
Une autre équipe a mis au jour des structures hydrauliques analogues, appartenant à la même période, en Azerbaïdjan, dans une autre région voisine du Caucase.
Ces découvertes invitent à approfondir les liens entre les pratiques de gestion de l'eau et les changements climatiques passés, ou encore l'impact environnemental des modes d'occupation des sols sur l'équilibre des hydrosystèmes.
Ces travaux commencés en 2013 ont été menés en collaboration avec le Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (CNRS, Aix Marseille Université) et le Museum national géorgien. Les chercheurs du LSCE ont réalisé les mesures de 14C et des isotopes stables du carbone et ont participé aux études de terrain géomorphologiques.
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