Sa création et ses missions
En 1988, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) créent le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (le GIEC) ayant pour mandat d’évaluer de façon impartiale les informations internationales scientifiques, techniques et socio-économiques sur l’évolution du climat. Le GIEC a rendu son premier rapport en 1990. Depuis, de manière régulière, environ tous les 5-6 ans, le GIEC délivre des rapports d’évaluation qui tiennent lieu de référence pour les scientifiques et les décideurs du monde entier.
Le GIEC est organisé en trois groupes de travail, chacun mobilisant des centaines de spécialistes.
-
Le
Groupe I fait le point sur l’état de la recherche scientifique dans le domaine de l’évolution du climat. En pratique, le groupe I évalue l’ensemble des données de l’évolution observée du climat ainsi que sa modélisation pour le XXe et XXIe siècle.
-
Le
Groupe II traite des impacts des changements climatiques sur différents secteurs (eau, écosystèmes, agriculture, santé…) et des possibilités de s’y adapter.
- Enfin,
le
Groupe III examine les moyens de réduction des gaz à effet de serre et d’atténuation du changement climatique en général. À ces trois groupes principaux s’ajoutent des groupes de travail spécifiques, pour les inventaires nationaux d’émissions des gaz à effet de serre ou certains sujets techniques (séquestration du carbone, transport aérien, couche d’ozone…).
Un
rapport de synthèse qui résume les contributions des groupes I, II et III est également rédigé par le GIEC.
Un fonctionnement unique
en son genre
Le fonctionnement du GIEC s’appuie sur une base scientifique, mais il passe également par une interaction entre scientifiques et responsables gouvernementaux.
Typiquement, un cycle du GIEC se déroule comme suit. Les délégués gouvernementaux décident en séance plénière de la réalisation d’un rapport, de sa structure générale (nombre de groupes), des présidents du GIEC et de ses groupes, ainsi que de son échéance. Les présidents des groupes réunissent des experts scientifiques lors de quelques réunions de réflexions
(scoping meetings) afin de définir une trame générale du rapport. Des auteurs de chapitres sont alors choisis parmi la communauté scientifique internationale. Ces auteurs vont ensuite se réunir tous les six mois pendant deux ans afin de rédiger le rapport. Les versions intermédiaires du rapport
(drafts) sont mises à la disposition de la communauté scientifique pour relecture. La dernière version du rapport ainsi que le résumé à l’intention des décideurs qui fait une quinzaine de pages sont relus par la communauté scientifique à nouveau, mais également par les représentants gouvernementaux des différents États membres du GIEC.
Finalement, le résumé à l’intention des décideurs est soumis à l’approbation des gouvernements en séance plénière. Cette assemblée est composée des représentants des États, de représentants observateurs d’organisations non gouvernementales, et des deux scientifiques coprésidents du groupe de travail du GIEC, entourés de leurs auteurs principaux. Pendant une semaine, parfois jour et nuit, le document est discuté ligne par ligne jusqu’à accord à l’unanimité. C’est lors de cette épreuve que l’on parle de consensus entre les scientifiques et les gouvernements.
Depuis la création du GIEC, tous les rapports ont été adoptés en séance plénière par l’ensemble des 192 pays représentés dans l’assemblée du GIEC.
Consensus et transparence
Cette approche par consensus a parfois été critiquée par les “climatosceptiques”, c’est-à-dire ceux qui mettent en doute la réalité du changement climatique ou de son origine, à savoir l’activité humaine. Leur argument est le suivant : en science, il n’y a pas de consensus, il n’y a pas de pensée unique ; au contraire, il y a un débat d’idées permanent et une perpétuelle remise en question des acquis. C’est tout à fait exact, et les travaux du GIEC s’inscrivent pleinement dans cette définition.
Pendant deux ans, les coprésidents de chaque groupe, entourés de leurs auteurs, recensent l’ensemble de la connaissance dans le domaine. Ils le font dans une transparence totale. Non seulement les textes sont mis sur le Web, mais également les remarques des nombreux rapporteurs et les réponses des auteurs à ces remarques. Les incertitudes et les controverses non résolues sont clairement présentées dans les volumineux rapports. Seul le
résumé pour les décideurs, qui fait une quinzaine de pages, est discuté lors des assemblées plénières. L’objectif de cette séance plénière est de produire un document, le
résumé pour les décideurs, qui ait à la fois l’aval des scientifiques qui l’ont préparé et celui des États membres qui vont le cosigner. Le texte se doit donc d’être dans un langage compréhensible et sans ambiguïté pour les non-scientifiques.
Un cinquième rapport d’évaluation pour 2013-2014
La force du GIEC réside, d’une part, dans ses rapports longs qui sont une source précieuse d’informations pour la communauté scientifique et, d’autre part, dans le rapport pour les décideurs qui, de par son processus d’approbation en séance plénière, engage pleinement les États membres. Les gouvernements ne peuvent plus prétendre ne pas avoir l’information pertinente ; ils l’ont approuvée. L’action politique nécessaire à la limitation du changement climatique est donc entre leurs mains.
C’est cette double approche qui a valu auxmembres du GIEC de se voir décerner le prix Nobel de la Paix en 2007 “pour leur effort pour rassembler et disséminer la connaissance du changement climatique anthropique et pour établir les fondations pour les mesures qui sont nécessaires pour le contrecarrer”.
De fait, le
premier rapport, publié en 1990, a conduit l’Assemblée générale des Nations unies à élaborer une convention-cadre sur les changements climatiques, entrée en vigueur en 1994.
Le
deuxième rapport, sorti en 1995, a fourni les éléments de base aux négociations du protocole de Kyoto
(1), dans le cadre de la convention.
Le
troisièmerapport, paru en 2001, a confirmé la responsabilité humaine dans le réchauffement constaté au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Il prévoit notamment une aggravation du phénomène conduisant à un réchauffement moyen global de plusieurs degrés entre 1990 et 2100.
Les conclusions du
quatrième rapport ont été rendues publiques en 2007, avant la conférence des parties de Bali (Indonésie).
Lors de la session du GIEC, qui s’est déroulée en Hongrie à Budapest en avril 2008, il a été décidé de préparer un cinquième rapport.
À Stockholm, en Suède, le 27 septembre 2013, les membres du Giec ont adopté le premier volet de leur 5e rapport, consacré aux « éléments physiques du climat ». Sa rédaction a impliqué des scientifiques auteurs du monde entier, parmi lesquels 17 français dont 8 chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE Institut Pierre Simon Laplace - CEA/CNRS/UVSQ). Une étude qui confirme et précise l’ampleur du changement climatique provoqué par l’accumulation des gaz à effet de serre.
Les deux autres volets sur les impacts, vulnérabilités et adaptation et sur l’atténuation du changement climatique ont été publiés début 2014.
COP21/CMP11
Du 30 novembre au 11 décembre 2015, la France a accueilli et présidé la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 : COP21/CMP11. Cet événement a rassemblé près de 40 000 participants, avec 195 pays représentés.
La COP21 a abouti à un accord universel, ambitieux, à valeur juridique, avec des mécanismes de révision tous les 5 ans, dans l'optique d'accélérer les efforts pour limiter les rejets de gaz à effet de serre et la transition vers des sociétés et des économies sobres en carbone.
Un sixième rapport d’évaluation du GIEC 2016 - 2022
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a entamé son 6e cycle d’évaluation. Au cours de ce cycle, le groupe d’experts produira trois rapports spéciaux, un raffinement du rapport méthodologique pour les inventaires nationaux d’émission de gaz à effet et son 6e rapport d’évaluation (AR6) prévu pour avril 2022.
Les scientifiques du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (Institut Pierre Simon Laplace - CEA/CNRS/UVSQ) sont très impliqués dans la préparation du rapport AR6 du GIEC.
.[1] Protocole de Kyoto: un des trois traités internationaux sur lesquels repose la gouvernance internationale sur le climat. Il propose un calendrier de réduction des émissions des six gaz à effet de serre considérés comme la principale cause du réchauffement climatique des cinquante dernières années.