ArTéMiS** est une nouvelle caméra submillimétrique qui vient compléter
l’ensemble des instruments équipant le télescope APEX et qui permet
désormais d’accroître la profondeur et le détail des observations
obtenues jusque-là. La nouvelle génération de détecteurs utilisée par
ArTéMiS agit comme des détecteurs CCD photographiant un grand champ du
ciel. En raison d’une augmentation considérable du nombre de pixels, on
pourra obtenir plus rapidement les cartographies très détaillées de
portions de ciel.
L’équipe technique*** qui a installé ArTéMiS a fait face à des
conditions climatiques extrêmes pour mener à bien sa mission. De très
fortes chutes de neige sur le plateau de Chajnantor avaient quasiment
enterré la salle de commande d’APEX. Avec l'aide, sur place, du
personnel technique d’APEX et de celui du projet ALMA, l'équipe a été en
mesure de transporter les éléments de la caméra ArTéMiS jusqu’au
télescope via une route de fortune, tracée à travers les
congères. L’équipe a ainsi réussi à monter le cryostat et à le
positionner à son emplacement définitif dans la cabine Cassegrain du
télescope.
Pour tester l'instrument, il a fallu attendre le
retour d’un temps plus sec car les longueurs d'onde submillimétriques
sont très fortement absorbées par la vapeur d'eau contenue dans
l'atmosphère terrestre. Dès que le temps a été favorable, les tests de
validation ont pu être menés en un temps record. Suite aux premières
images obtenues, ArTéMiS a pu être utilisée dans le cadre de plusieurs
projets scientifiques. Un de ses objectifs consistait à « photographier »
la région de formation d'étoiles dénommée NGC 6334, la nébuleuse de la
Patte de Chat, localisée dans la constellation australe du Scorpion.
Cette nouvelle image d’ArTéMiS est d’une qualité nettement supérieure
aux images antérieures obtenues sur APEX dans la même région du ciel.
Les tests préliminaires et les premières observations d’ArTéMiS sont
désormais terminés et la caméra va maintenant retourner à Saclay, en
France, afin d’être équipée de détecteurs supplémentaires. Toute
l’équipe est enthousiaste au vu des résultats déjà obtenus. Ces derniers
constituent une belle récompense au terme de nombreuses années de
travail qui n'auraient pas abouti sans l'aide et le soutien de toutes
les équipes de recherche et les équipes techniques impliquées.
* APEX est une collaboration entre l'Institut Max Planck de
radioastronomie (MPIfR), l'observatoire spatial Onsala (OSO) et l'ESO.
Le fonctionnement de l'APEX à Chajnantor est confié à l'ESO.
** ArTéMiS signifie: Architectures de bolomètres verser des télescopes à
grand champ de vue dans Le domaine sub- millimétrique au Sol (matrices
de bolomètres pour télescopes au sol submillimétrique à grand champ).
*** L'équipe de mise en service du CEA se compose de Philippe André,
Laurent Clerc, Cyrille Delisle, Eric Doumayrou, Didier Dubreuil, Pascal
Gallais, Yannick le Pennec, Michel Lortholary, Jérôme Martignac, Vincent
Revéret, Louis Rodriguez, Michel Talvard et François Visticot.
Cette image de la région de formation d’étoiles NGC 6334 constitue l’une des premières images du programme scientifique ArTéMiS sur le télescope APEX. L’image représente en rouge-orangé la lumière détectée par ArTéMiS et qui correspond à l’émission à 0,35 mm de nuages denses de grains de poussière interstellaire. Elle est superposée à une image en proche infrarouge de la même région observée précédemment par le télescope VISTA du Mont Paranal. © ArTeMiS team/ESO 091.C-0870/J. Emerson/VISTA – Projet ESO (ESO 091.C-0870
(Remerciements : Cambridge Astronomical Survey Unit)
ArTéMiS est un projet financé par le CEA et l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui a également bénéficié dans sa phase initiale du soutien des programmes nationaux de physique stellaire (PNPS) et de physique et chimie du milieu interstellaire (PCMI). ArTéMiS est une collaboration entre le CEA/SAp, le CNRS/IAS (Orsay), le CNRS/Néel (Grenoble), le CNRS/IAP (Paris) et le "Jodrell Bank Centre for Astrophysics" (JBCA) à Manchester et l’ESO.
Implication des équipes du CEA
La technologie de détection bolométrique issue de l’Institut CEA-Leti a
pu être utilisée pour la conception de la caméra ArTéMiS. Financé par
l’ANR de 2006 à 2008, le projet ArTéMiS a permis aux équipes du CEA/Irfu
de participer au développement d’une nouvelle génération de caméras
submillimétriques pouvant équiper les grands télescopes au sol.
Tous
les sous-systèmes de la caméra (cryogénique, optique, mécanique,
contrôle-commande, électronique, software) ont été indépendamment testés
et sont désormais opérationnels depuis le camp de base situé à 2500 m
d’altitude. Le cryostat et son architecture mécanique interne, qui
permet l’intégration des composants de la caméra, ainsi que le système
cryogénique complet ont été conçus et réalisés au CEA/Inac. Le contrôle
commande a été réalisé par le service d’Ingénierie des Systèmes de
l’Irfu.
A propos de l'ESO
L'ESO est l'organisation intergouvernementale pour l'astronomie en Europe et l'observatoire astronomique au sol le plus productif dans le monde. Il est soutenu par 15 pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, République tchèque, Danemark, France, Finlande, Italie, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Suède, Suisse et Royaume-Uni. L'ESO conduit d'ambitieux programmes pour la conception, la construction et l'exploitation de puissantes installations d'observation au sol qui permettent aux astronomes de faire d'importantes découvertes scientifiques. L'ESO joue également un rôle de premier plan dans la promotion et l'organisation de la coopération pour la recherche astronomique. L'ESO gère trois sites d'observation de classe mondiale uniques au Chili : La Silla, Paranal et Chajnantor. A Paranal, l'ESO exploite le VLT, le plus avancé des observatoires astronomiques de la lumière visible du monde et deux télescopes additionnels. VISTA fonctionne dans l'infrarouge et est le plus grand télescope de ce domaine dans le monde. Le VLT Survey Telescope est le plus grand télescope conçu exclusivement pour sonder le ciel dans le domaine visible. L'ESO est le partenaire européen d'un télescope astronomique révolutionnaire, ALMA, le plus grand projet astronomique en cours de réalisation. L'ESO est en train de planifier un télescope de 39 mètres de diamètre, l'european Extremely Large Telescope, l'e-ELT, qui deviendra "le plus grand œil visible et infrarouge du monde".
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