Les étoiles se forment lorsque le gaz contenu dans certaines régions
d'une galaxie devient suffisamment dense pour s’effondrer sur lui-même
(généralement grâce à la gravitation). Lors de la collision de deux
galaxies, on observe en général une « flambée » de formation des
étoiles, pour une raison jusqu'alors inconnue.
Une collision de
galaxies augmente les mouvements désordonnés du gaz, et les tourbillons
de turbulence générés devraient empêcher le gaz de se condenser par
gravitation. On s'attendrait donc à ce que ces turbulences ralentissent,
voire empêchent la formation des étoiles, or c’est l'inverse qui est
observé.
Les simulations à très haute résolution ont pu montrer
qu’en réalité la collision modifiait la nature-même de la turbulence à
petite échelle : un mode de compression du gaz remplace l'effet
tourbillonnaire. La turbulence contribue alors, contre toute attente, à
l'effondrement du gaz sur lui-même en le comprimant. Ainsi, lorsque deux
galaxies se percutent, c'est cet effet de turbulence compressive qui
génère un excès de gaz dense et donc une flambée de formation stellaire,
dans des régions couvrant un important volume des galaxies et non pas
seulement dans leurs régions centrales. Ce processus apparait désormais
comme primordial pour déclencher la formation des étoiles.
Pour
obtenir ces résultats, les chercheurs ont utilisé deux supercalculateurs
des plus puissants de l’infrastructure de recherche européenne PRACE,
dont la machine Curie de GENCI [2], pour modéliser une galaxie isolée
comme la Voie Lactée et une collision de deux galaxies comme celle qui a
donné naissance à la paire de galaxies dites "Les Antennes". Des
travaux de modélisation de ces deux galaxies, bien connues, ont permis
de développer des simulations au plus proches des objets observés
jusque-là.
Ces nouvelles simulations ont pu atteindre une
précision inédite, permettant de résoudre des structures de masse 1 000
fois plus faible qu'auparavant. Les astrophysiciens ont pu ainsi suivre
l'évolution des galaxies sur plusieurs centaines de milliers
d'années-lumière tout en explorant des détails de seulement une fraction
d'année-lumière. Grâce à ce gain décisif, de nouveaux effets physiques
sont apparus, révélant la nature complexe de la turbulence.
Simulation d'une rencontre de deux galaxies. La simulation montre la déformation des galaxies après leur première rencontre (à gauche). Les simulations à haute résolution permettent de conserver les plus fins détails : sur le zoom (à droite) est représentée la densité du gaz. Les étoiles se forment dans les régions denses (en jaune et rouge) sous l'effet d'un processus de « turbulence compressive ». La formation d'étoiles y est plus efficace que dans la Voie Lactée. © CEA-SAp
Qu’est-ce qu’une « flambée » de formation d’étoiles ?
Notre connaissance des galaxies repose sur la lumière émise par les étoiles qu'elles contiennent, notamment les plus jeunes. Les étoiles se forment lorsque le gaz des galaxies se condense. Elles émettent alors une lumière particulièrement intense en ultraviolet et infrarouge. Lors d'une collision de galaxies, beaucoup d'étoiles se forment rapidement, et les astronomes observent alors un pic de ce type de lumière, comme une "flambée".