Les résultats donnent accès à des informations d’une très
haute précision et livrent une description rigoureuse et inédite de la
dynamique interne du Soleil. Ces travaux, publiés dans la revue Astronomy and Astrophysics, devraient permettre d’affiner grandement les modèles théoriques et de mieux préparer les futures missions spatiales ( Solar-Orbiter, Plato) d’observation d’étoiles telles que le Soleil.
Les
ondes qui se propagent à l’intérieur des étoiles, et dans le cas
présent du Soleil, influencent leurs structures, évolutions et
dynamiques. Pouvant créer des pulsations globales, elles sont une source
d’information précieuse pour étudier les phénomènes dynamiques à
l’intérieur des étoiles. Ces ondes se divisent en 2 types :
- les ondes acoustiques, tout à fait semblables aux ondes sonores
- les ondes de gravité, qui se propagent dans tout fluide stratifié en densité, sans mouvement à grande échelle
Ces ondes jouent un rôle important dans l’évolution de la rotation et
du mélange des éléments chimiques dans les couches profondes des
étoiles de même type que notre Soleil. À l’instar des ondes acoustiques,
ces ondes de gravité peuvent, selon leur fréquence, entrer en résonance
dans le Soleil sur des modes appelés « modes g » : il se produit alors
le même phénomène qu’avec une corde de guitare, qui résonne sur
certaines harmoniques ou modes propres.
Grace aux simulations non
linéaires effectuées par l’équipe du laboratoire Astrophysique
Instrumentation & Modélisation dans le cadre du projet ERC STARS 2
[1], il est possible de comparer l’amplitude de ces ondes dans le cœur
du Soleil et d’en suivre la présence et la dynamique, du cœur à la
surface. Ces résultats fournissent une base de travail solide pour
affiner les modèles théoriques et ouvrent la possibilité à des
observations mieux ciblées, participant ainsi à une connaissance
toujours plus précise d’étoiles telles que le Soleil et de leur
évolution.
Ces simulations constituent une première et un
véritable tour de force tant le nombre de phénomènes et l’étendue
spatiale pris en compte sont grands : turbulence, convection, effets
thermiques, radiatifs et visqueux, rotation différentielle… Pour la
première fois, ces travaux offrent une simulation 3D extrêmement riche
et complète (97% du volume du Soleil) de la dynamique d’une étoile dans
ses 3 dimensions. D’un point de vue purement numérique, la force de ces
résultats tient dans le code ASH [2], co-développé et utilisé par cette
équipe.
Il s’agit de simulations haute performance, qui ont
nécessité 5 millions d’heures de calcul sur le calculateur Ada de GENCI,
installé à l’Idris (CNRS), et 15 millions sur le supercalculateur Curie
mis à disposition par GENCI auprès des chercheurs européens dans le
cadre de l’infrastructure de recherche PRACE (Partnership for Advanced Computing in Europe).
Comprendre le couplage entre les couches internes et externes d’une étoile
L’intérieur d’une étoile est composé de deux zones, dont les tailles dépendent de la masse de l’étoile.
- Dans le cas des étoiles de type solaire, simulées ici, la zone la
plus externe est convective et turbulente : les transferts de chaleurs
se font par des mouvements de matière, comme l’air dans une maison
chauffée par des convecteurs.
- La zone interne, quant à elle, est stablement stratifiée : c’est une
zone radiative où ce sont principalement les photons (la lumière) qui
évacuent l’énergie vers l’extérieur. C’est uniquement dans cette zone
stable que les ondes de gravité peuvent naître et se propager, mais
elles sont très difficiles à détecter depuis l’extérieur car la zone
convective est une barrière qui les atténue fortement.
[1] Simulations of Turbulent, Active and Rotating Suns and Stars
http://www.stars2.eu/[2] ASH= Anelastic Spherical Harmonics
De surcroît, le couplage entre la zone radiative et la zone
convective est une des grandes questions actuelles de la physique
solaire, et représente un défi numérique important dû à la large gamme
d’échelles spatiales et temporelles impliquées. En effet, les phénomènes
à prendre en compte sont nombreux, et ils n'interviennent pas tous sur
les mêmes échelles, s'influençant les uns les autres de manière très
complexe.
Ainsi ces résultats ouvrent un large champ d’exploration
comme la possibilité de prendre en compte aussi le champ magnétique et
son interaction avec les ondes, et de s’approcher encore un peu plus de
la réalité.