Semblables en de nombreux points au Soleil (masse, rayon, âge),
ces étoiles permettent de réaliser un panorama complet de l’évolution du
Soleil au cours du temps. Ces éléments sont d’une importance majeure
pour de futures missions spatiales étudiant les étoiles de notre
galaxie, comme les satellites de la NASA, TESS, et de l’ESA, PLATO.
Ces résultats sont publiés dans la revue Astrophysical Journal Letters le 10 juillet 2014.
En
1997, l’étude des étoiles analogues au Soleil prend un tournant
important au sein de la communauté scientifique. A l’époque, seul un «
jumeau solaire » avait été identifié. Récemment [3], les chercheurs ont
découvert une vingtaine d’étoiles analogues au Soleil, dont une dizaine
de « jumeaux solaires » ce qui a permis de doubler le nombre connu
auparavant.
Grâce à la réalisation de mesures spectroscopiques
[4], à l’utilisation de la technique d’Astérosismologie [5], et à l’aide
des observations du satellite Kepler, une équipe internationale
pilotée par le CfA à Harvard, et impliquant des chercheurs du
Laboratoire AIM (CNRS/CEA/Université Paris Diderot), a détecté une
vingtaine d’analogues solaires dont l’âge a pu être estimé. Mais comment
faire la différence entre analogues et véritables jumeaux ? Les
analogues solaires sont des étoiles dont la masse et la composition
chimique sont proches de celles du Soleil alors que les « jumeaux » ont
des contraintes plus fortes (par exemple, une masse comprise entre 0,95
et 1,05 masse solaire). Les chercheurs ont déterminé de nombreux
paramètres, dont la période de rotation, de chaque étoile. Celles ayant
des caractéristiques trop éloignées de ces critères sont alors écartées.
Les étoiles restantes constituent des « jumeaux » du Soleil, plus
jeunes ou plus âgés. Elles permettent aux astrophysiciens de voir ce
qu’a été et ce que sera le Soleil et donc de retracer son histoire.
Actuellement,
le Soleil est à la moitié de sa vie et finira par se transformer en une
étoile massive qualifiée de « géante rouge », avant de refroidir
longuement et de devenir une étoile naine peu brillante. Or, cette
évolution est en partie régie par la manière dont le Soleil tourne sur
lui-même, cette rotation induisant des modifications profondes de sa
structure interne. Et, si sa période de rotation est actuellement de 26
jours, celle-ci augmente très lentement.
[1]
Center For Astrophysics,
http://www.cfa.harvard.edu/
[2] En collaboration avec le
Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics
de Cambridge (Massachussetts), l’Université de Rio Grande au Brésil, le
Space Science Institute de Boulder (Colorado) et l’Institut Leibniz de
Potsdam en Allemagne.
[3 ] E.g., Meléndez & RamÍrez 2007
[4] Mesures permettant de déduire précisément certaines caractéristiques
de la surface d’une étoile comme sa température et sa gravité.
[5]
Technique qui consiste à étudier les propriétés des ondes acoustiques
qui se propagent au cœur des étoiles, et qui permet notamment d’estimer
la masse, le rayon et l’âge des étoiles observées.
En connaissant la période de rotation d’étoiles de masse comparable à
celle du Soleil et en supposant le même processus de ralentissement, il
est possible d’estimer leur âge. Et les étoiles jeunes tournent plus
vite que les étoiles plus âgées.
Pour mesurer la rotation des étoiles
étudiées ici, les astronomes ont analysé les variations de la
luminosité moyenne émise par l’étoile due à l’assombrissent produit par
le passage de taches stellaires (similaires à celles du Soleil) sur la
surface du disque visible de l’étoile. La vitesse de rotation de
l’étoile est déduite à partir du temps de passage de ces taches. Les
résultats obtenus ont permis de confirmer les relations empiriques entre
âge et rotation d’étoiles pour des étoiles indépendantes dites “du
champ" (n’appartenant pas à un amas d’étoiles), relations uniquement
validées jusqu’à présent pour des étoiles faisant partie d’amas
d’étoiles jeunes. Ces nouvelles données sont d’une importance majeure
pour de futures missions spatiales comme la future mission PLATO
de l’ESA dont le but est d’étudier les systèmes planétaires similaires
au système solaire avec des planètes de la taille de la Terre en orbite
autour d’étoiles de type solaire.
Légende : (Gauche) Composition artistique montrant les courbes de
lumières de trois étoiles, de la plus vieille à la plus jeune (de 5
milliards d’années à 100 millions d’années), observées par le satellite
Kepler. Le satellite observe ici des tâches stellaires qui permettent de
déduire la vitesse de rotation de ces étoiles. (Droite) Diagramme
montrant la comparaison réalisée entre les âges obtenus par
l’astérosismologie et la girochronologie pour le Soleil et les 8 jumeaux
solaires de cette étude.